Les autorités américaines de régulation infligeraient à Facebook une amende record de 5 milliards de dollars pour manquement à la protection des données personnelles, annoncent certains médias. Une décision qui résulte d’un accord à l’amiable avec le réseau social, mais qui est déjà critiquée.
Cette amende de 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) résulte d’un accord à l’amiable entre le réseau social et la Commission fédérale du commerce (FTC), au terme de plusieurs mois de négociation et d’enquête sur le scandale de Cambridge Analytica, une société britannique d’analyse de données qui a conseillé Trump pendant sa campagne électorale et qui a exploité les informations personnelles de millions d’utilisateurs de Facebook sans leur autorisation.
Une tape sur les doigts
Le réseau social s’attendait à une amende de cette ampleur, rapportaient en avril dernier les médias, alors que Facebook annonçait avoir provisionné plusieurs milliards de dollars pour le règlement de cette affaire, tout en affichant une santé financière florissante, avec un profit de 2,4 milliards de dollars au premier trimestre de cette année, tous “frais” déduits.
Par conséquent, même si cette sanction financière est coquette, “elle représente environ un quart des profits annuels de la compagnie et va relancer la critique de ceux qui y verront à peine une tape sur les doigts” , commente le site BBC News.
Des limites trop peu sévères
“Outre le paiement de cette amende, Facebook aurait accepté de renforcer ses précautions dans l’utilisation des données des utilisateurs” , précise le New York Times, qui nuance :
Mais aucune des dispositions de l’accord n’impose de limites strictes à la possibilité pour Facebook de collecter et de partager ses données avec des tiers.”
Cette absence de barrières plus solides contre tout abus dans l’exploitation des données de ses 2,7 milliards d’utilisateurs a d’ailleurs donné lieu à des dissensions au sein de la commission de régulation, composée de cinq membres et qui ont voté pour l’accord à trois voix contre deux, explique le quotidien. Les deux commissaires démocrates se sont en effet opposés à la décision car ils souhaitaient “imposer davantage de limites à l’entreprise”.
Tout récemment, l’un des co-fondateurs de Facebook aux côtés de Mark Zuckerberg, Chris Hughes, appelait à démanteler le réseau social devenu “gargantuesque” avec un immense pouvoir “sans contrôle”.
Et d’ailleurs, la Bourse qui n’aime guère que les géants de l’économie soient écornés ne s’y est pas trompée, relève le site The Verge : après la révélation de cet accord, l’action de Facebook a grimpé pour atteindre près de 205 dollars (181 euros).
“L’amende de 5 milliards est une blague embarrassante”, titre le site spécialisé dans les technologies. Une goutte dans l’océan qui n’arrêtera pas Facebook :
Les amendes et les sanctions ne sont efficaces que lorsqu’elles entraînent des conséquences négatives à un mauvais comportement. Mais Facebook n’a rien fait d’autre que mal se comporter du début à la fin, sans autre conséquence qu’une tape sur les doigts par les autorités et une gratification de la part des marchés.”